Il se leva de son lit, observa la rue calme et déserte. Pensant un moment, il sortit sans rien dire à sa femme, dans une main un rameau d’olivier et dans l’autre une craie. Devant chaque porte, il écrivit un mot qu’il substitua par un autre. On dirait des tableaux de peinture à première vue. Le Moqadem effaça tout le temps ses écrits mais le lendemain il en ajouta d’autres. Le fkih de la ville le conseilla de ne pas écrire sur les murs car il dérangeait les habitants ; c’était comme s’ils l’encourageaient. Des jours, des mois et des années passèrent ainsi ; il écrivait tout ce qu’il ne pouvait pas dire aux responsables de la ville. Un jour on entendit sa femme pleurer ; on l’ avait enterré très loin dans un cimetière isolé.
Soulagés, les gens blanchissaient toute la ville. Le matin, quand ils se réveillèrent, ils trouvèrent les mêmes écrits et sur chaque porte deux mots en grands caractères: PAIX, LIBERTE!